Steve Stevens est né au Caire en 1890, où il est resté jusqu’à l’âge de 14 ans. Fils unique, il perd sa mère des suites d’une tuberculose pulmonaire alors qu’il n’a que six ans, et c’est donc son père qui prend en charge son éducation. Ce dernier, officiellement, est conservateur du musée égyptien du Caire, une activité qui lui sert en réalité à couvrir un trafic d’œuvres d’art fort juteux. En 1905, les soupçons de plus en plus pesants des autorités locales contraignent M. Stevens à quitter l’Égypte aussi précipitamment que discrètement… Après un bref séjour à Londres, réalisant vite que les Anglais sont trop bien informés sur ses agissements, il décide de s’éloigner davantage et s’installe sur la petite île de Blackmore, où il ouvre en 1906 une boutique d’antiquités qui lui sert de couverture pour refourguer les biens détournés au cours des années passées au Caire…
En 1909, sur les conseils de son père, le jeune Steve s’inscrit à l’université de Cardiff pour y suivre des études d’Histoire. En 1912, ayant obtenu son doctorat d’histoire alors que son père vient de mourir, Steve reprend la boutique de celui-ci à Blackmore. Rapidement, il devient un homme respecté pour sa culture, sa vive intelligence et sa réussite sociale, qui lui permettent de fréquenter le gratin des îles anglo-normandes et d’échapper à la conscription pendant la guerre. Entre 1915 et 1922, soucieux d’entretenir son réseau, il fait chaque année de nombreux voyages en Égypte, en Chine, en Éthiopie et au Kenya.
En 1922, il tombe amoureux de Charlene Gillan, l’une des filles de cette famille fortunée de Blackmore, qu’il épouse en 1923. Un an plus tard, en octobre 1924, Stevens est victime d’un accident de la route dont il réchappe de justesse, mais sa femme et leur fillette d’un an, Matilda, y trouvent la mort. Depuis lors, l’antiquaire de Blackmore est un homme dévasté, qui ne parvient pas à faire le deuil de son épouse et de sa petite fille…